L’offre de soutien individuel
Les persécutions subies dans le pays d’origine, l’exil et la précarité de sa situation en France
peuvent constituer autant de zones de fragilisation psychique pour la personne migrante.
Lorsqu’il est réalisé par un(e) psychologue, le suivi individuel consiste en un soutien psychologique «classique » : tout en prenant en compte les spécificités de sa situation (interculturalité, trauma, et précarité), nous souhaitons rester vigilants à ne pas réduire la personne rencontrée à son statut et/ou à ses traumatismes, afin de l’accueillir dans sa subjectivité, en fonction de ce qu’elle souhaite partager, dans le cadre d’une rencontre intersubjective.
Nous souhaitons prévenir l’apparition ou l’aggravation de troubles psychiques et psychosomatiques pour ces personnes ou leur entourage, et par cela favoriser et faciliter l’accueil de ces personnes et leur intégration dans la société. Plus largement, prévenir l’exclusion, la marginalisation et le délitement du lien social.
Le recours à un interprète professionnel est systématiquement proposé aux personnes allophones. Si le cadre de la rencontre thérapeutique s’en trouve inévitablement modifié, offrir à la personne la possibilité de s’exprimer dans sa langue nous apparaît d’une part comme une première marque de reconnaissance et, d’autre part, la collaboration avec un(e) interprète peut s’avérer très fructueuse, y compris sur le plan thérapeutique (comme l’atteste désormais de nombreux travaux et recherches).
Le cas échéant, une orientation peut être proposée vers d’autres dispositifs soignants adaptés (psychiatrie de secteurs, psychiatres libéraux, soins somatiques, etc.).
Lorsqu’il est réalisé par une psychomotricienne, le suivi individuel consiste en un abord psycho-corporel, utilisant diverses techniques de conscience corporelle, de mise en mouvement ou de relaxation.
Il s’agit de permettre aux participants de renouer avec leurs sensations corporelles, au-delà des souffrances du corps liées aux histoires singulières (migration, violence, prostitution, maltraitance, traumatismes, maladies somatiques).
L’abord corporel permet de favoriser l’expression de soi, et le ré-investissement corporel à travers une attention portée sur le corps, dans ses dimensions somatiques, imaginaires et symboliques.
Le processus soutenu vise à modifier l’image du corps et permettre des aménagements de la sphère psycho-corporelle. La parole sur le corps est accueillie : prise en compte des éprouvés en lien avec les expériences corporelles proposées, écoute des douleurs somatiques, dans un climat de partage, de confiance, sans jugement.
♦ Autant pour des questions idéologiques que techniques le partenariat est central: dans notre expérience, un accompagnement en santé mentale a d’autant plus de chances d’être efficient qu’il s’inscrit dans un maillage d’accompagnateurs.
♦Nous attachons une importance particulière au fait de ne pas générer de nouvelles segmentations et ruptures dans le lien, et nous engageons à recevoir les personnes adressées de manière pérenne, tant qu’elles le souhaitent, et quand bien même elles ne seraient plus en lien avec la structure qui aurait fait l’orientation initiale.
L’offre de soutien collectif
La première dimension mise à mal par la situation d’exil est la dimension groupale : le sujet déplacé a dû rompre avec une partie importante de ses groupes d’appartenances.
Les suivis en groupe (par des psychologues et/ou des psychomotriciennes) se construisent en lien avec les besoins repérés par nos partenaires et les demandes exprimées.
Les médiations utilisées varient en fonction du projet construit, des publics (adolescents, femmes, familles, couples) et des intervenants et déroulent des dispositifs singuliers :
- groupe de parole,
- photo-langage,
- médiation corporelle,
- art-thérapie,
- voix, rythme, musique,
Ils s’appuient sur la réinscription du sujet dans un collectif et sur les effets particuliers de la dynamique de groupe. Ils peuvent prendre place dans la structure partenaire ou à l’extérieur en fonction des enjeux cliniques repérés.
Ils sont animés ou co-animés par un(e) ou des psychologues et/ou une ou des psychomotriciennes, avec éventuellement un intervenant spécialisé dans une médiation artistique, selon le dispositif proposé.
♦ Les dispositifs, individuels ou groupaux, sont complémentaires, et ne s’excluent pas l’un l’autre. Le groupe peut constituer un premier espace de rencontre avec son monde interne, sa souffrance et la possibilité de les évoquer, permettant ensuite d’enclencher un travail individuel. A l’inverse, un accompagnement individuel peut favoriser ou conduire à l’inscription dans un groupe.